telle est la question!
on peut détester le personnage, son cynisme, son égocentrisme...
moi, il me touche...
son esthétisme nous imprègne incontestablement, sa critique de la société est toujours puissante, sa façon d'en jouer encore sincère, sa dérision du monde de l'art reste actuelle, sa superficialité finalement de plus en plus émouvante...
cette expo propose une retour chronologique sur l'univers de Warhol (cinéma, sérigraphie, musique, factory..) mais n'oublie pas l'aspect sensible de ces séries, criardes, un peu froides et pourtant qui nous parlent d'un homme, de ses doutes, ses inquiétudes, ses ambiguïtés et de ses contradictions...
Warhol est incontournable car il parle de lui mais surtout de nous tous. Dans un monde où les images nous submergent, nous séduisent, nous envahissent... et où il reste capital de savoir les lire, les regarder avec distance et lucidité... il nous rappelle que"Vanité tout n'est que vanité"...
et puis il y a "SHADOW"...
102 toiles identiques ou presque, même format, même motif : une ombre mais des couleurs et des passages d'encres différents... qui s'enchaînent sur les murs d'une longue salle (environ 130m.)...
alors on parcourt ce défilement qui semble infini, telle une pellicule de film qui se déroule. Warhol nous fait son cinéma...
la déambulation crée ainsi un étirement du temps, comme si cela ne devait jamais finir et il m'a semblé que j'entrais dans l'œuvre, que j'en faisais un peu partie. Warhol joue avec nous, avec nos sens et c'est intense!
une ombre c'est inquiétant, troublant, une forme qui surgit des ténèbres; c'est aussi le double de chaque être ou chose, celui que projette la lumière, la trace de notre fragilité mais aussi de notre présence au monde...
